Mythologie grecque et objets animés
Héphaïstos et ses objets animés
Héphaïstos est présenté par Homère comme le premier concepteur de créatures artificielles « techniques » : ces objets animés ont la capacité de se déplacer, et sont inspirés d'objets de la vie quotidienne. Il est fait notamment mention :
de tables circulaires sur trois pieds, munies de roues d'or(Iliade 18, 373-377). Autonomes, elles se rendaient seules, de leur propre mouvement (automatoi) à l'assemblée des dieux et transportaient ainsi vers l'Olympe les produits de la forge d'Héphaïstos. Elles retournaient ensuite à leur place initiale ;
des portes de l'Olympe qui s'ouvrent d'elles-mêmes (automatai pulai) (Iliade 5, 749-751 ; 8, 393-395) ;
des soufflets de forge, qui semblent travailler de manière autonome sous le commandement d'Héphaïstos (Iliade 18, 468-473).
Les trépieds animés
Eustathe de Thessalonique, érudit et ecclésiastique byzantin du XIIe siècle, relève l'existence de ces trépieds.
« Il était en effet merveilleux que les trépieds se déplacent d'eux-mêmes, comme s'il s'agissait d'objets disposant de leur propre mouvement et avançant grâce à des roues installées à leur base, des poulies, qui, comme il convient, auraient été insérées dans les pieds des chaudrons, de sorte qu'ils puissent entrer là où se tenait le rassemblement des dieux, l'assemblée des Olympiens, puis retourner à leur point de départ, chez eux, à la manière d'êtres animés (empsukhôn). Tels sont supposés être les objets fabriqués par Héphaïstos. Il faut savoir en effet que le poète dépeint ces trépieds animés d'une manière merveilleuse, se mouvant par eux-mêmes, comme s'ils se déplaçaient grâce aux petites roues sur lesquelles ils reposent. »
Eustathe, Commentaire de l'Iliade 18, 473-477 (trad. J. Wilgaux)
Marcinkowski et Wilgaux (2007) interrogent les inventions d'Héphaistos et leurs finalités : certains de ces automates compenseraient son infirmité.
« Les trépieds, par exemple, ne se mettent pas à marcher comme par magie, mais se déplacent grâce aux roues ajoutées par le dieu, c'est-à-dire grâce à la mise en place d'une mécanique. [...]. En fait, l'impression donnée dans l'Iliade est que l'infirmité du dieu n'est pas la contrepartie de son art, mais qu'elle rend nécessaire la création d'assistants autonomes, donc d'automates, aptes à l'aider dans son travail éprouvant et à lui permettre de se déplacer. »
cf. Automates et créatures artificielles d'Héphaïstos : entre science et fiction [pdf]
Kostas Kotsanas, Musée des technologies des Grecs de l'Antiquité, « Les trépieds automatiques d'Héphaïstos»
Des trépieds ont été imaginés en s'inspirant des technologies utilisées par les ingénieurs d'Alexandrie au 2me s. av. J.-C. : ils conjuguent un système central de poids à deux câbles enroulés autour des essieux des deux roues motrices.
Description complète en ligne sur le site du Musée des technologies des Grecs de l'Antiquité (kotsanas.com).