Al-Jazarī (1136-1206)
L'inventeur et ingénieur Al-Jazarī a vécu au XIIe siècle dans une région située sur le territoire actuel de la Turquie. Au service du Sultan Nasir al-Din Mahmoud, ce savant arabo-musulman publia le traité Combiner la science avec le travail profitable en mécanique (souvent traduit par Le livre de la connaissance des procédés mécaniques). Il y décrit ses propres inventions et leurs systèmes mécaniques. Certains de ces automates sont conçus avec un but utilitaire (médical par exemple, pour mesurer la quantité de sang prélevée lors d'une saignée), d'autres avec l'unique but de divertir.
Il invente et réalise, entre autres choses :
- une horloge automatisée hydraulique en forme d'éléphant à taille réelle,
- un calculateur analogique (ancêtre de la machine à calculer),
- de nombreux automates, automates dont un orchestre actionné par une clepsydre
- une fontaine ornée de paons et servants humanoïdes, offrant aux hôtes savons et serviettes pour se laver les mains.
L'horloge à l'éléphant
Cette horloge est en fait une clepsydre de 7 mètres de haut. Le corps de l'éléphant contient un réservoir d'eau, sur lequel flotte un récipient percé.Ce flotteur se remplit petit à petit d'eau, puis descend et actionne une corde qui libère une bille métallique au sommet de l'automate. Les actions et mouvements des personnages s’enchaînent ensuite. La bille roule et est recueillie dans une cymbale. Le nombre de boules dans la cymbale permet de calculer l'heure (1 boule correspond à une demi-heure). Toutes les 24 heures, les boules sont replacées dans l'horloge et le réservoir de la clepsydre est à nouveau rempli.
Il est à noter que cette automate réunit dans un esprit universel des références inspirées de différentes cultures :
l'éléphant et le Cornac symbolisent l'Inde ;
le dragon rappelle la Chine ;
le phénix se rapporte à l'Égypte ancienne ;
la technologie hydraulique est inspirée des techniques grecques ;
le turban est un élément de la culture arabe.
Reproduction de l'horloge de l'éléphant pour un centre commercial de Dubaï.
Photographie de Jonathan Bowen, 2007
Image dans le domaine public
Le bateau transportant un orchestre
Cet automate prend la forme d'un bateau qui se déplace réellement sur l'eau. Il transporte des marins et quatre esclaves musiciennes. Deux jouent du tambourin, une de la harpe et une de la flûte. Le bateau alterne des moments de déplacement et des moments où l'orchestre jouent (grâce au débit de l'eau).
A Musical Toyfrom a copy of al-Jazari's treatise on automata, Kitab fi ma'ari-fat al-hiyal al-handasiya (1206 C.E.)
Image dans le domaine public.
Ressources associées
Al-Jazari: The Mechanical Genius
Article d'un site en anglais, Muslim Heritage, Foundation for Science Technology and Civilisation
Dei ex Machinis, p. 267-273
Vie et œuvre de al-Jazari (1136-1206).
Dans son ouvrage Dei ex Machinis, Jean-Arcady Meyer retrace les vies et les œuvres des concepteurs et fabricants d'automates et proto-robots dont l'Histoire a conservé la mémoire, ainsi que les « ressorts savants » animant ces machines. Il comprend près de 1000 pages et 400 figures, et couvre une période allant des légendes anciennes jusqu'aux débuts de l'Intelligence Artificielle.