Difficulté : pas de problématique particulière
Utilisateurs : enseignants 1er et 2nd degrés
Niveau scolaire : de la maternelle au lycée
Présentation et intérêt pédagogique
La période "Covid 19" amène à questionner de façon pragmatique les pratiques de classes inversées.
Avant le confinement, élèves et enseignants sont en présence. Pendant le confinement, tous sont à distance avec la notion de continuité pédagogique, donc de non discontinuité entre le contexte en classe d'hier, et le contexte de distance d'aujourd'hui. Pendant la phase de déconfinement (même si les modalités de la rentrée de septembre ne sont pas encore connues), une partie se fait en alternance (école/maison) et une partie tout à distance.
→ Comment mettre en place des temps de classe inversée ?
→ Exemples et grille de construction de la documentation et de la scénarisation pédagogique
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Cette fiche pratique reprend les principaux thèmes abordés lors d'un webinaire de Laurent Jeannin, qui aborde l'évolution des modalités et des contextes d'enseignement d'un point de vue systémique.
→ Une première section, « Exemple d'utilisation »
, présente les éléments de la recherche en s'appuyant sur les pratiques observées.
→ Une deuxième section, « Comment faire »
, interroge les pratiques dans une perspective environnementale.
→ Une troisième section, « Ressources associées »
, rapporte des retours d'expérimentations et vous propose un espace « do.doc »
en ligne pour continuer à échanger et mutualiser vos expériences (mot de passe : canopeIDF).
Exemple d'utilisation⚓
Postulat
Travailler sur la classe inversée signifie que toute la base de connaissance (c'est à dire le cours mais aussi les exercices, des liens internet, de la vidéo, tout un ensemble multimédia) va être mis à disposition des élèves avant la séance de regroupement, séance collective à distance ou même en présence.
→ On va mettre les élèves dans une perspective cognitive d'autonomie très forte.
Cela correspond à ce que Vygotsky appelle le socio-constructivisme.
À partir de la base de connaissance que l'enseignant donne aux élèves et de la méthode de travail qu'il leur propose, ils vont pouvoir appréhender un problème, un sujet, une notion, un concept, une partie de l'enseignement.
Définir un seul objectif par séance, très clair et bien explicité aux élèves.
Cela peut prendre la forme d'un fichier audio ou vidéo de 30 secondes maximum : présentation du sujet, lien avec la séance précédente, précision des documents à disposition (lien internet, exercices...) et des modalités de travail :répondre à une question au travers d'un outil de forum par exemple, rendez-vous en présence ou à distance pour remédier aux difficultés...
Dès ce moment la posture de l'enseignant n'est plus la même : il n'est plus détenteur d'un savoir mais est détenteur d'une ingénierie pédagogique. Il met en place un dispositif. Il ne s'agit pas uniquement et pas uniquement de dispenser le savoir et de l'organiser.
Planifier et structurer la séance.
La mise à distance exige une réflexion préalable importante. L'enseignant structure sa séance car la mise à distance exige absolument une réflexion préalable importante. Dans une salle de classe, il propose un enseignement simultané, mutuel et cadence le temps et les activités des élèves, les feedbacks apportés, les moments consacrés à travailler les difficultés... En distanciel, l'enseignant, en un seul temps, distribue la ressource de base à l'élève. C'est alors à ce dernier de s'organiser dans une cadence et dans une planification proposée par l'enseignant. Rien ne doit être implicite au risque d'entacher la problématique d'engagement il va falloir diversifiés les activités
Adopter une démarche d'enseignement explicite.
Rien ne doit être implicite au risque d'entacher la problématique d'engagement de l'élève.
Diversifier les activités.
Cela se fait naturellement dans la classe, quand par exemple, pour faciliter la compréhension, l'enseignant fait un schéma, soumet à des élèves des exemples concrets pour dépasser les difficultés ou avoir un ancrage plus plus stable.
Présenter les objectifs, l'activité et les consignes avec un langage clair et une présentation adaptée à tous.
Être précis au travers d'un cadre de travail clair et annoncé: un code couleur pour les difficultés, une cadence, une durée.
Par exemple, un code couleur peut indiquer le niveau de difficulté d'un exercice ou d'une activité. On ne sait pas dans quel sens l'élève va faire des exercices. C'est beaucoup plus compliqué parce que c'est lui qui va gérer sa cadence, voire ses parents (1er degré). Il faut donc rendre visible pour autrui ce qui est en situation de classe complètement implicite.
Adopter une structure répétitive dans les séances: une introduction, deux activités pas plus, une conclusion.
Dans une journée de travail "classique", avant confinement, la cadence de la journée est organisée par l'emploi du temps. Cette structure répétitives dans les séances est organisée par la gestion organisationnelle et la technostructure de l'école. Ce n'est plus le cas potentiellement quand on est à distance.
Calibrer et limiter le temps de travail de l'élève, en prévoyant une planification sur la semaine avec alternance des activités connectées et non connectées.
L'enseignant peut indiquer le nombre de temps de classe inversée dans la semaine, et ce qui va être abordé à chaque fois. Il faut proposer des activités (introduction, action 1, action 2, conclusion) qui ne dépasse pas les 15 à 25 minutes pour l'ensemble de l'activité selon le niveau de classe.
Cela demande de la part de l'enseignant un très gros effort de déconstruction de la progression pédagogique. L'élève doit avoir un temps de respiration entre ces temps d'attention de maximum 25 minutes.
Une durée totale d'une séance correspondant environ à la moitié d'un temps normal en présentiel.
Limiter les outils numériques.
On est dans une profusion complète des outils numériques dans le déconfinement.
Il faut limiter les outils numériques afin de ne pas déstabiliser les élèves et les familles : une utilisation récurrente d'outils et de supports en permet la maîtrise. Dans votre pratique pédagogique, deux à trois outils au maximum suffisent : un pour communiquer/diffuser, un pour déposer/restituer, un pour avoir un contact privilégié...
Il est alors possible après 2 semaines d'utilisation, de changer un outil qui ne vous semble pas efficient pour une des tâches. Il ne faut pas changer tous les outils en même temps.
Utiliser le levier de l'évaluation formative, qui permet la différenciation et l'ajustement de son action.
Comment faire⚓
Pas à pas : en amont
Préparer un «guide parents» qui peut faire état de conseils pour identifier et résoudre des difficultés du point de vue de l'apprentissage en cours.
C'est également pertinent pour le 2nd degré. Cela permet de fixer un cadre, d'accompagner les parents dans l'identification des difficultés que peuvent avoir les élèves.
Définir les contenus que l'enseignant souhaite travailler en fonction des besoins des élèves, de la progression de la classe et des objectifs d'apprentissage.
Parfois, cela nécessite plus de ressources que quand on est en présentiel.
Envisager les diverses modalités d'apprentissage qui s'adaptent à ses objectifs et qui apportent de la diversification aux activités.
Les élèves apprennent selon quatre modalités :
en s'exerçant (leurs savoirs et leurs actions en manipulant avec des objets potentiellement du quotidien ; dans ces circonstances et cela peut être montré par la vidéo) ;
en se remémorant et en mémorisant (par exemple: en racontant, en disant, en récitant un texte, des faits numériques et en faisant ainsi la relation entre ce qui est du quotidien et ce qui est à apprendre) ;
en réfléchissant ;
en résolvant des problèmes (ils pourront donner la solution et/ou les techniques de résolution par un schéma ou une représentation graphique), en jouant individuellement ou avec les camarades (penser à jouer seul mais aussi à trois ou cinq pour les groupes de projet).
Penser la régulation de la pratique des élèves et choisir les moyens de communication, pour suivre ou revoir la leçon, pour collaborer, pour rendre un exercice (avec des exemples, une durée et le type d'attendu).
Typiquement, quand vous êtes dans un système de classe inversée, l'organisation est en 3 temps : base de connaissance, travail collaboratif et retour sur un système de type forum ou autre. Cela impose l'écriture, la conceptualisation. La classe virtuelle n'est pas à conseiller systématiquement, sauf si elle est organisée. La capacité de pouvoir parler via une classe virtuelle ne permet pas de forcer l'élève à écrire, ni de forcer absolument ce processus cognitif où l'élève va devoir expliciter à d'autres. Expliciter ses difficultés par le passage à l'écrit est excessivement formateur dans la mémorisation à moyen terme et à long terme. C'est très important dans l'enseignement à distance. Il y a pléthore de travaux de recherches dans ce sens-là depuis le télé-enseignement et les années 80 : le passage à l"écrit est essentiel. Il est plus performant de faire avec des collégiens ou des lycéens un chat écrit de 20 minutes que de faire une classe virtuelle de 45 minutes. Cela va apporter des éléments de régulation. Après l'accès à une base de connaissance dans un premier temps, puis un problème à résoudre, le partage des difficultés dans le forum permet à l'enseignant d'avoir un temps de régulation des difficultés avant le temps de regroupement. Le moment de regroupement est ainsi un moment où l'enseignant a déjà une première vision des difficultés des élèves par rapport à l'activité donnée. C'est un temps. privilégié où il les accompagne pour dépasser leurs difficultés. Il ne faut absolument pas que les élèves envoie un mail à l'enseignant pour expliquer la difficulté avant le regroupement, afin d'être toujours dans cet espace collaboratif, dans cet espace où si la question est posée par un, la réponse peut être collective.
Rendre l'aspect technique transparent afin de permettre à l'élève de se concentrer sur la tâche d'apprentissage.
Il n'est pas question d'être par principe pour l'outil numérique.
Des outils simples comme une messagerie électronique, un espace de dépôt, un forum et un chat écrit pour le second degré (à adapter pour le premier degré) suffisent largement. La question est de voir comment l'enseignant est en capacité de cadencer le rythme, d'acquérir de la donnée et de la connaissance sur les difficultés des élèves pour pouvoir réajuster au moment d'un regroupement synchrone, alors que les élèves sont ensemble.
Éviter de proposer des ressources qui ouvrent une nouvelle fenêtre, qui ne permettent pas de faire le lien visuel naturellement entre ce qui est à apprendre et ce qui est à faire.
Définir les supports possibles de la séance, qui seront diversifiés mais cohérents.
Il est nécessaire d'apporter une attention particulière aux registres. La sémiotique de Pierce est ce qui fonde aujourd'hui la communication en terme de publicité : dans les années 70, il a défini toute une sémiotique du sens du langage pour pouvoir avoir une inscription dans le cerveau. Il dit que pour que le message passe, il faut au moins jouer sur trois registres sémiotiques : la langue naturelle, par l'écrit et la langue orale ; la langue symbolique, par le schéma ; la langue formulée (formules mathématiques par exemple, animations, images fixes ou animées). Pierce indique que si on joue sur trois registres sémiotiques au moins, alors on va avoir un ancrage mémoriel.
On retrouve ce principe dans la publicité qui associe une bande sonore, une image fixe ou une image animée, de la langue naturelle. Que ce soit une publicité sur papier glacé, à la télévision ou sur internet, on observe toujours ce respect de ces trois registres sémiotique.
Quand l'enseignant construit un support d'apprentissage et travaille sur un document de traitement de texte pour faire un Pdf de structure de la base de connaissance, il ne doit jamais descendre à plus de 3 niveaux dans la feuille de style : titre 1, titre 2, titre 3. Si cela va plus en profondeur, il faut restructurer le document parce que potentiellement, il y a un risque de perdre, en terme de granularité de la difficulté, plusieurs élèves.
Quand l’enseignant n'est pas en face des élèves ou est dans une perspective de classe inversée, il doit toujours essayer d'employer au minimum 3 registres sémiotiques pour expliciter une notion ou un concept théorique.
Pas à pas : introduire
Lancer l'activité, l'enseignant accueille les élèves par un message audio/vidéo (30 secondes maximum) ou écrit (4 lignes).
Orienter les élèves en apportant l'aide nécessaire pour appréhender l'environnement, par exemple se repérer au sein de la plateforme (les espaces de travail collaboratif, de classes virtuelles, de dépôt de documents), de la semaine ou de la journée (un plan, une frise graphique pour représenter le déroulement de la journée ou de la semaine).
Il s'agit d'orienter toujours les élèves aussi bien dans l'environnement virtuel que .dans la progression des apprentissage.
Faciliter l'adaptation des élèves à l'outil choisi.
Une séance de jeux pour découvrir les outils de travail peut être pertinente. Un environnement d'apprentissage amical et accueillant (couleur, police de caractère, ressources, ludification, groupes de projet) rendra les élèves plus attentifs et favorisera leur engagement dans la tâche.
Rappeler toujours les séances précédentes pour permettre à l'élève de se préparer au temps de travail : par un message, un test de positionnement avant une activité (trois questions en 2min) et un retour qui fait référence à un contenu de savoir précédent.
Annoncer les objectifs et les contenus : pour préparer l'élève à ce qu'il va devoir faire, aussi bien en termes de méthode qu'en terme de contenu.
Présenter les consignes, les ressources et les modalités de travail.
Travailler en classe inversée est une mise en autonomie assez importante et parfois une mise en abyme de la part des élèves.
Utiliser les 3 registres sémiotiques pour l'orientation des élèves.
Expliquer ce qu'ils vont apprendre.
Toujours contextualiser : en début de séance, rappeler ce qui a été vu avant, ce qui sera vu le jour-même et ce qui sera vu par la suite.
Pas à pas : pendant
Intervenir pour susciter la réflexion des apprenants sur leurs méthodes de travail et les stratégies adoptées
Une base de connaissance est à disposition des élèves et une méthodologie mise en place. Un forum permet d'exprimer les difficultés ou les questions. L'enseignant peut annoncer qu'il consultera le forum par exemple une fois par jour et encourager les élèves à répondre dans le forum. Cette participation peut être notée (1 point sur 20 par exemple) ; c'est un moyen très classique dans le travail collaboratif.
Il faut favoriser la prise de conscience des élèves et le contrôle de leur propre organisation. Cela peut être au travers d'un échange oral ou d'un petit quiz.
Maintenir des relations interindividuelles de nature à souder le groupe d'élèves et à conserver son rôle de repère de la classe (en regroupement, dans le chat écrit...)
L'enseignant développe ses relations individuelles avec les élèves en restant à leur écoute : entendre ou voir l'enseignant par les messages du jour rappeler ce qui a été vu précédemment, ce qui sera vu ce jour-là ou dans la semaine est particulièrement nécessaire et important pour les plus jeunes élèves. Dans un mail, la veille du regroupement, l'enseignant peut indiquer l'heure et la durée du regroupement, son ordre du jour (les grands temps), préciser les difficultés repérées dans le forum qui seront collectivement aplanies
Il s'agit de conserver les relations de groupe et les relations interindividuelles, dans une perspective de collaboration, d'éléments collectifs et de liens collectifs. La finalité est de maintenir la cohésion du groupe classe et de contribuer au maintien d'un sentiment d'appartenance, de sécurisation.
L'enseignant motive et/ou maintient la motivation des élèves. Il les encourage à s'engager dans leur tâche et à persévérer par des projets partagés. Il met en valeur l'apprentissage par le partage de productions. Il développe également ses relations individuelles avec les élèves en restant à leur écoute : entendre ou voir l'enseignant par les messages du jour rappeler ce qui a été vu précédemment, ce qui sera vu ce jour-là, ou dans la semaine pour le lundi, est particulièrement nécessaire et important pour les plus jeunes élèves.
En chat écrit, l'enseignant donne la parole à tous et ne fait jamais de réponse individuelle : c'est lui qui cadence le chat. Si un élève formule une question, il interroge les autres élèves : ont-ils une réponse à proposer ? Il relance si nécessaire. Si le problème n'est pas résolu, l'enseignant peur renvoyer un document, signaler un point du cours et laisser un temps de réflexion pour qu'ils proposent ensuite une réponse sur le forum. Par la suite, de nouveaux éléments seront apportés si la difficulté n'est toujours pas surmontée. Le temps du regroupement ne doit pas être consacré à dépasser la difficulté.
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→ Fournir une base de connaissance qui va permettre au travers d'un travail collaboratif et d'un échange asynchrone par le biais d'un forum (dans lequel l'enseignant repère les difficultés).
→ En s'appuyant sur ces éléments, organiser un regroupement collectif au cours duquel l'enseignant fait un état collectif des difficultés, pour les dépasser dans une réflexion collective.
→ Si la difficulté persiste, l'enseignant apporte un élément complémentaire pour un travail complémentaire et pour fixer le savoir.
Suivre les progrès, évaluer
Les éléments de cadencement évoqués précédemment permettent à l'enseignant de suivre les progrès et d'évaluer aussi pour pouvoir réajuster.
Un moyen de stimuler l'intérêt de l'apprenant et d'encourager ses progrès dans la maîtrise des connaissances consiste à poursuivre les actions d'évaluation, à fournir des rétroactions, à rédiger des commentaires encourageants dans une perspective d'évaluation formative.
L'enseignant valide aussi les produits et les propositions. Il ne faut pas hésiter à proposer de courts tests de positionnement avant une activité. Cela doit prendre la forme d'un questionnaire bref (environ 2 minutes), de 3 ou 4 questions, très binaire, qui détermine les éléments à apporter dans le feedback.
Il faut aussi prévoir des tests d'acquisition après l'activité, ou un test qualitatif après une notion essentielle.
Pas à pas : après
Faire un retour individuel
En fonction des conditions, soit par une communication téléphonique, soit par un courriel, soit par une classe virtuelle où l'enseignant est en face à face dans un temps très court de 5 à 10 minutes. Même si l'enseignant perçoit au bout de 15 minutes des éléments qui méritent d'être revus, il ne prolonge pas la classe virtuelle et prévoit une action de remédiation.
Faire un retour collectif
Par un message ou via une une classe virtuelle de maximum 10 à 15 minutes, avec une mise en perspective, par petits groupes de 5 à 7 élèves maximum (afin d'éviter bruit numérique, chahut, problèmes de connexion).
Le chat écrit, suivant le public et les conditions, évite des absences liées à des problèmes d'emploi du temps. La plupart des chats écrits peuvent s'enregistrer automatiquement. Réécouter un enseignement enregistré pendant 1 heure est "peu agréable". Le chat écrit est un bon moyen sur lequel s'appuyer ensuite pour mener des temps de regroupement très courts et s'assurer que tout le monde a compris.
Pas à pas : environnement
Dans ses travaux de recherche sur les environnements tangibles, Schneider (2018, en ligne[*]), de l'Université de Genève, s'interroge sur les environnements tangibles et les éléments essentiels :
valoriser et faire que l'enfant se valorise après l'effort ;
faire des pauses régulières (toutes les 45min, 5 à 10 min) et se déplacer, changer de position ;
reconnaître activement et faire reconnaître à l'enfant ses efforts, ses progrès et ses résultats ;
réguler les tensions dues à la situation et au contexte d'apprentissage ;
gérer les distractions et les interruptions :
en organisant un environnement de travail propice à la bonne exécution des tâches ;
en fractionnant et régulant le temps.
Pas à pas : exemples
Enjeu des classes inversées : organiser un environnement dans lequel l'élève va travailler sans que l'enseignant ne soit présent.
De petits outils sont facilitateurs.
Un gardien du temps
Les activités durent environ 20 à 25 minutes : l'élève peut utiliser un minuteur de cuisine.
Un thermomètre des émotions
L'élève dispose d'un pilulier où des billes de couleur représentent une émotion (colère, joie, énervement...) : cela lui permet de mesurer son état émotionnel avant de commencer son temps d'activité de 20 minutes et à la fin de cette activité.
Un journal de bord
L'élève peut s'exprimer dans un petit cahier pour expliquer ce qu'il ressent : c'est un outil simple que les parents ou l'enseignant peuvent aussi solliciter.
Un jardin des types d'activités et des difficultés
Exemple : un petit pot avec des images vertes ou rouges sur des cure-dents pour évaluer les difficultés ; la couleur peut aussi correspondre à un type d'activité constituant un petit jardin d'activités en fin de journée.
Un signal d'activité
Du 1er degré au lycée, le port d'une casquette "Work in progress" signifie à l'environnement extérieur que l'élève est dans un temps de travail (au même titre que le minuteur de cuisine et le thermomètre des émotions). L'Université de Genève a testé une boîte à jetons, qui permet de cumuler des jetons au fil des activités de la journée et de se rendre compte en fin de journée de tout le travail qui a été mené.
Pas à pas : outils / retours d'expériences
Quels sites pour les forums ?
La communauté Framapad, regroupée dans le dispositif chaton.org qui propose un ensemble d'outils qui permet de raccourcir des liens, d'avoir un espace de forum (si l'enseignant ne dispose pas d'un ENT)...
En guise de forum, il peut y avoir aussi EDUTWIT. On crée un compte classe et les données sont hébergées en France.
Retrouvez la présentation sur le site de l'académie de Nancy-Metz.
Organiser les chats ou classes virtuelles
Souvent, dans les dispositifs de classes inversées, l'enseignant a tendance à donner tout le cours aux élèves puis à reprendre le cours avec eux en synchrone dans une classe virtuelle. Cette organisation transforme le chat ou la classe virtuelle en moment où les élèves expriment uniquement leurs difficultés.
Il faut accepter un temps d'adaptation à l'organisation évoquée dans les rubriques précédentes. La méthode doit être très explicite.
On voit, notamment dans le 2nd degré, que si le dispositif est très cadencé dès le départ, les élèves s'approprie tout de suite la base de connaissance et vont très rapidement dans le forum pour poser des questions. Les autres élèves apportent des réponses ou aussi d'autres difficultés. L'enseignant,régulièrement, une fois par jour ou une fois tous les deux jours, intervient. Il signifie par exemple une difficulté récurrente en renvoyant vers l'élément approprié de la base de connaissance. Cela lui donne aussi l'occasion de prendre conscience d'un document manquant et d'ajuster l'ordre du jour du regroupement. Ce regroupement par chat écrit (peut-être à préconiser dans ce cas par rapport à une classe virtuelle) force les élèves à avoir un cadencement de ce temps synchrone d'une quarantaine de minutes qui va permettre d'avancer.
Comment penser l'évaluation en classe inversée ?
L'évaluation en classe inversée est de plusieurs ordres.
Une évaluation du travail collaboratif
Comment les élèves ont participé au forum, comment ils se sont entraînés. Alain Jaillet, dans ses travaux de recherche, évoque le triplet d'activités et la collaboration à distance dans des systèmes de classe inversée ou de situations-problèmes. Il y pose la question des niveaux de participation, d'engagement et de collaboration.
Un rendu collectif (si vous organisez le travail par groupe)
Un rendu individuel (toujours nécessaire à in moment donné)
Laurent Jeannin conseille de mixer les différentes évaluations. La classe inversée est souvent associée à une situation-problème à résoudre, parfois très complexe.
Il présente exactement aux élèves la grille d'évaluation. Par exemple, dans la réalisation d'un dossier, 2 points peuvent être attribués à la qualité du travail collaboratif, 3 points à la présence active dans les regroupements, 4 à 5 pour le rendu du dossier collectif et sa qualité ; 6 à 10 points concernent le rendu individuel. Il est ainsi possible d'atteindre une cotation sur 20 en prenant en compte le travail associé à la méthodologie (entre forum et regroupements), le travail réalisé entre les élèves, en terme de production collective, et le travail individuel.
Tout ces temps sont importants : l'élève s'approprie la base de connaissance de manière individuelle ; il évoque dans le forum la difficulté qu'il rencontre mais il participe aussi au forum peut-être pour répondre à d'autres et les aider ; il travaille collaborativement pour produire un document collectif ; il est présent et actif (à l'enseignant de déterminer quels sont les critères pour « être actif » en temps de regroupement et par le biais du chat ou de classes virtuelles (réduites, en groupes) ; il produit un document individuel évalué.
→ Sont intégrées dans les évaluations :
la problématique individuelle de prise en charge de la base de connaissance, du travail d'information sur les difficultés personnelles ou sur la résolution de difficultés de pairs dans le forum ;
la participation collective au rendu collectif et aux réunions synchrones ;
la production d'un document individuel.
Quel place définir pour le parent dans le 1er degré ?
Il semble parfois difficile à l'enseignant de faire percevoir à des parents d'enfants scolarisés dans le 1er degré que "c'est en ce trompant qu'on apprend".
L'environnement testé dans la rubrique « Pas à pas : exemples » fait partie de la continuité pédagogique. On ne peux pas toujours discerner si la réponse provient de l'élève ou du parent. Mettre en place un guide parents a un impact excessivement fort pour pouvoir repérer les difficultés, et expliciter aux parents que l'erreur est un élément normal du processus d'apprentissage.
La redistribution des rôles de la paternité de l'apprentissage et des processus d'apprentissage elle est pas du tout andine.
Quid du temps de regroupement ?
Ce temps en classe inversée peu aussi bien être à distance quand il n'y a pas de confinement, tout à distance pendant le confinement ou bien tout en présence pendant le déconfinement.
Quand on met en place un dispositif de classe inversée, lors du regroupement face aux élèves, virtuellement ou physiquement, il n'est pas question de refaire cours ou de corriger les exercices. Dans la problématique et dans la philosophie même de la classe inversée, l'idée absolue est de faire de ce temps de regroupement un temps de dévolution du savoir et d'institutionnalisation par les élèves. C'est eux qui doivent être là et actifs pour échanger autour de leurs difficultés. C'est un temps de coconstruction.
Quel regard sur le travail collaboratif des élèves au sein d'un groupe hors forum ?
Demander à chaque élève qu'il signifie quelle est la partie qu'il a effectuée dans le travail collaboratif
Demander, si c'est techniquement possible, de rédiger un document au travers d'un pad (framapad, etherpad...) et de renseigner le document collectif (chaque élève écrit avec une couleur différente ). Il faut alors se poser la question de l'évaluation : qualité de l'écrit, nombre de mots...
L'évaluation ne se pose pas qu'en termes de contenus et de savoirs. Elle se pose également en termes de méthode. Quand on organise du travail en groupe, il faut envisager qui va être leader du groupe et en capacité de relancer la réflexion, qui va être suiveur ou ne rien faire, qui va dessiner ou schématiser ?
Chacun peut manifester une appétence pour une tâche spécifique.
Comment gérer l'ingérence d'intervenants extérieurs, notamment dans l'apprentissage d'une langue étrangère ?
Cela peut être en collège l'utilisation de traducteurs en ligne, ou bien l'intervention d'un membre de la famille.
Il y a quelques années, la même question était posée aux responsables des politiques numériques dans des universités au sujet de Wikipédia. La réponse est peut-être l'utilisation. Plus on essaie de cacher ou ignorer un outil, plus les élèves vont être tentés de l'utiliser. Il est donc préférable de s'appuyer sur les failles de l'outil pour en jouer. Il est possible de les présenter dès le début de l'année et de les analyser.
La performance d'outils comme le traducteur multilingue DeepL pose question. Le travail de classe inversée peut alors être un travail et une analyse critique d'outils de traduction à partir de ressources apportées par l'enseignant : un même texte (documents techniques, locutions du quotidien...) traduit par Google Traduction ou DeepL (ou autres). Cela peut permettre d'aborder des notions de grammaire que les outils ne peuvent prendre en compte, ou d'avoir un regard sur la pertinence ou non d'outils extérieurs.
Comment se passe un regroupement ?
Il est nécessaire de mettre en place un chronogramme d'activités, un temps très cadencé durant lequel 'élève est obligé d'écrire.
Exemple d'un regroupement organisé par Laurent Jeannin (éléments de pratique)
"Un regroupement dure au maximum 30 à 40 minutes.
Les étudiants ou les élèves reçoivent un mail deux jours avant pour signifier l'ordre du jour et décrire comment vont se dérouler les 30 minutes : « les 5 premières minutes je ferai une synthèse de toutes les difficultés repérées dans le forum. Je vous laisserai alors la parole pendant 10 ou 15 minutes pour que chacun essaie d'apporter une réponse à ces difficultés. Pendant les 10 minutes suivantes, vous aurez la parole pour évoquer les difficultés que vous avez encore aujourd'hui pour résoudre le problème."
Pendant le regroupement, je reprends une question posée individuellement pour qu'un membre du collectif apporte la réponse à tous.
Je prends 5 minutes pour demander à nouveau à chacun s'il a encore une difficulté à écrire et exprimer.
Je rappelle la seconde phase après le regroupement (un exercice ou une étape de la résolution du problème) et la nécessité d'utiliser le forum pour verbaliser tout questionnement.
Pour finir, je précise qu'un mail sera envoyé avec la date du regroupement suivant."
La constitution des groupes a t-elle un effet déterminant dans la dynamique de la classe inversée ?
Oui. L'enseignant doit se poser la question même s'il y a pas de réponse absolue.
Faut-il construire un groupe hétérogène ou homogène ? Serait-ce par rapport à un savoir ou par rapport à un comportement ? Les élèves constituent-ils eux-mêmes les groupes ?
Il semble préférable que l'enseignant organise le groupe mais cela dépend beaucoup du moment de l'année scolaire, de l'habitude qu'ont les élèves de travailler ensemble en classe inversée.
En cours d'année, l'enseignant a pu déjà établir des éléments de comportement, ou identifier les groupes les plus performants.
Il ne faut jamais faire des groupes avec un nombre pair d'élèves, et ne jamais dépasser 5. 3 est un bon nombre pour un groupe qui s'engage dans un travail collaboratif. Au-dessus de 5 ans peut s'installer un rituel avec des leaders, des suiveurs, voire des copieurs ou des élèves très passifs.
La répartition des rôles dans le groupe va avoir un effet absolument déterminant mais c'est difficile à définir a priori.
Classe inversée vs classe renversée ?
C'est une pensée différente. Qui fait la base de connaissance ?
Dans le principe de classe inversée c'est l'enseignant qui organise la base de connaissance et la met à disposition des élèves.
Dans le cas de la classe renversée, ce sont les élèves qui participent voire même qui coconstruisent la base de connaissance collectivement et la proposent pour résoudre le problème.
Dans la réalité, il faut avoir un haut niveau d'appréciation du contenu disciplinaire qu'on est en train de travailler et conscience du savoir en jeu pour réaliser la classe renversée. C'est envisageable quand les élèves ont un projet à mener et vont chercher eux même la connaissance. Elle n'est plus implicite dans le rendu du projet : l'enseignant demande qu'elle soit explicite.
Est-il pertinent d'organiser les groupes à la dernière minute, selon les réponses dans le chat, pour développer l'émulation ?
Laurent Jeannin n'a pas d'a priori sur la construction des groupes, car chaque année le dynamisme de groupe fluctue.
Il envisage la classe inversée comme un programme cadencé sur 3 semaines suivies d'une semaine de respiration avec des méthodes classiques.
Un processus de 3 semaines peut alors être relancé. Après 2 à 3 expérience de classe inversée, l'enseignant est en capacité d'anticiper et de constituer les groupes, voire de laisser le choix à un moment donné. Il est possible de poser la question, même à des collégiens : quel groupe allez-vous constituer ; par affinité par par niveau ?
Dans un premier temps, Laurent Jeannin est partisan de "laisser les choses se faire" et de voir ultérieurement si un système d'autorégulation collectif se met en place ou si au contraire il doit intervenir.
Comment susciter des interactions orales en langue vivante étrangère en classe inversée ?
Des enseignants constatent que les élèves, à distance et en autonomie, ne font pas l'effort de ne pas utiliser le français dans des interactions orales.
Au lycée, on peut supposer que les élèves ont des petits smartphones. Il est intéressant de travailler sur les multisupports. L'oralité va pouvoir s'exprimer par exemple par le commentaire d'un fait de société dans la langue enseignée, enregistré et déposé sur une plateforme. L'enseignant va alors organiser une classe virtuelle, un petit débat de 10 minutes à 3 ou 4 durant lequel les élèves doivent parler dans la langue demandée.
Il ne faut pas considérer que l'oralité. Les messages dans le chat et les mails peuvent être rédigés dans la langue étrangère, les consignes également.
Il est probable qu'il sera très difficile de faire s'exprimer les élèves en langue étrangère lors d'une classe virtuelle avec 25 à 30 participants.
Il est préférable d'organiser des petits groupes mais il est évident que l'élément du tout langue étrangère à l'oral à distance n'est pas facile.
Pour contrebalancer cet effet, l'enseignant peut apporter dans la base de connaissance non pas des documents écrits mais un enregistrement vidéo ou audio (télévision, radio) sur l'actualité qui peut potentiellement intéresser les élèves. On peut leur demander qu'ils construisent un discours par petits groupes pour diffuser et raconter à d'autres leurs réactions.
WhatsApp permet de laisser des messages de quelques secondes ; cela peut être un petit jeu motivant pour les élèves.
Retour d'expérience : une implication accrue des élèves et parents
Des enseignants du 1er degré ont remarqué un réel investissement chez les élèves sur des éléments de classe inversée.
La base de connaissance était constituée de petits éléments très courts (vidéos, documents, images, textes) et les difficultés abordées en classe virtuelle avant une dernière phase d'institutionnalisation.
Cette forme a favorisé l'implication des parents et la communication de l'enseignant avec ces derniers.
Rappel : importance de constituer un « guide parents », de créer à distance un environnement de travail avec des objets tangibles comme par exemple le thermomètre des émotions. Cet outil permet de visualiser des difficultés qui sont peut-être plus facilement banalisées dans une conversation orale en fin de journée (ceci même niveau lycée).
Comment faire face à l'étendue des programmes scientifiques en lycée ?
Il y a en effet énormément de chapitre à traiter par rapport au nombre de semaines de cours. On peut essayer d'aborder au travers de la classe inversée une démarche d'exploration scientifique, sur un temps entre 4 et 6 semaines, parfois dans une approche transversale.
La classe inversée, en sciences, peut porter sur une notion ou un sujet particulier (par exemple la force gravitationnelle) autour desquels on constitue une base de documents mis à disposition des élèves pour des travaux collaboratifs éventuellement interdisciplinaires.
Il ne faut pas non plus que le dispositif mis en place soit trop chronophage pour l'enseignant et l'élève. Selon les circonstances, la classe inversée n'est pas obligatoirement la panacée.
Proposer un dispositif de classe inversée après une première séance de situation-problème ?
Il est possible de poser une situation-problème autour d'une base de connaissance première, et d'émettre des hypothèses qui seront ensuite traitées par les élèves dans un dispositif qui s'approche de la classe renversée.
Les élèves peuvent tout d'abord, pendant une semaine, aller chercher des ressources complémentaires (vidéos, documents didactisés...) à agréger à la base initiale en explicitant dans le forum leur ajout. Ajouter 1 ou 2 ressources pédagogiques en le justifiant par un argument dans le forum donne de la matière pour une classe inversée (moment de synthèse).
Le temps de regroupement collectif, en présence ou à distance, permet alors d'interroger avec les élèves les ressources apportées. Était-ce pour dépasser une difficulté, ? Cela vous a-t-il permis d'évaluer leur compréhension du sujet traité ?
Points essentiels de la classe inversée
Le cadencement base de connaissance-forum-regroupement.
Donner des outils pour que les élèves puissent s'organiser et être autonomes autour de ce cadencement.
Avoir des outils qui donnent des traces de l'activité des élèves et de leur compréhension pour que l'enseignant puisse ajuster.
Intégrer dans le système d'évaluation la dynamique qu'on est en train de construire.
Dans un contexte de confinement proposer un petit guide parents : insister sur la place de l'erreur dans l'apprentissage et les objectifs visés ; donner des stratégies d'identification des besoins et des difficultés.
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→ Cela représente un travail important mais capitalisable au service de nouvelles dynamiques, et suppose une mise à distance par rapport à sa propre en pratique (notamment pour le guide parents).
Ressources associées⚓
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